vendredi 27 avril 2012

"Aider à écosser des petits pois", Philippe Delerm (in La premières gorgées de bière)





"C'est facile, d'écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente et elle s'ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l'ongle de l'index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d'un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n'est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l'eau froide, des légumes épluchées - tout près, contre l'évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher."







samedi 21 avril 2012

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan

Voici une histoire de famille. C'est la vie d'une femme, Lucile, qui s'avère être la mère de l'auteur.
Ce livre est à la fois un roman, une biographie, une autobiographie et une chronique familiale.

Mais sans voyeurisme, on y trouve au contraire une grande pudeur d'intention.

De part son sujet, Delphine de Vigan a instauré  une mise à distance très soignée.
De part l'appelation des personnages, Lucile, Liane, Georges, Manon, et non pas "Maman", "Grand mère", "Grand père" ou "ma soeur", reflet de la volonté de se mettre le plus possible au niveau du lecteur et de malgré le sujet de rester dans le roman.

Delphine de Vigan a été contruite et déconstruite par la lourde histoire familiale, qui est de fait extrêmement personnelle. Comment peut-on écrire sur quelque chose d'aussi intime mais aussi sensible à la fois?
Il semble qu'elle ait besoin d'en parler & de travailler dessus, pour s'approprier cette histoire & la comprendre.

Selon moi, le but principal de ce texte est de transformer l'histoire en récit: mettre l'histoire suffisamment à distance pour l'accepter et la travailler, la rendre la plus neutre possible. Delphine de Vigan se sert de son rôle d'auteur comme moyen de thérapie. Mais cette thérapie romanesque sert aussi au lecteur: tout le monde a une famille compliquée, dérangée, dont l'histoire est mouvementée. Nous avons tous en nous des blessures dûes à nos relations familiales, notre enfance, et tous des choses à régler. Suivre le parcours de Delphine de Vigan peut nous permettre de nous poser d'autres questions sur notre propre histoire et de chercher des pistes afin de résoudre les conflits et de panser les blessures.

jeudi 19 avril 2012

samedi 14 avril 2012

Manabé Shima, Florent Chavouet

Manabé Shima est le récit formidable de Florent Chavouet relatant son séjour sur une petite île japonaise éponyme.
Après avoir séjourné à Tokyo & fort du succès de Tokyo Sanpo, Chavouet réitére avec cette bande dessinée plus drôle encore.

Il part avec son matériel de dessin, son sac à dos & sa bonne humeur sur cette île de pêcheurs et nous invite à suivre ses aventures pendant deux mois.

Il sympathise avec les autochtones en parlant quelques mots à peine de japonais mais lève volontiers le coude, se joint aux parties de pêche, aux repas, aux fêtes, aux cérémonies religieuses, se fond dans le paysage et rythme son dessin avec des détails et des anecdotes amusantes.

Il laisse entrevoir un Japon rural, loin des métropoles tentaculaires, présente des gens simples et serviables, accessibles, une nature luxuriante et généreuse, loin de toutes nos idées recues.

Grâce aux personnages attachants et aux aventures rocambolesques, nous passons un heureux moment en découvrant une autre face du Japon.